jeudi 31 juillet 2008

Une matinee avec des adolescentes pakistanaises


Le statut de la femme au Pakistan aura ete l une des questions de notre voyage. Nous avons decide d aller plus loin dans nos echanges et d aller a la rencontre d une ecole de jeunes filles, afin de sentir ce qui anime une adolescente pakistanaise, ses envies, ses frustrations.


Une principale accueillante et effrayante


Nous avons ete accueilli en debut de matinee par la responsable de l'etablissement. Diplomee d'un doctorat d'Urdu, elle enseigne l'histoire perse aux etudiantes. L'accueil est courtois, mais distant. Je m'aventure dangereusement vers une poignee de main, mais la reaction choquee me fait comprendre la maladresse de mon geste. Apres un echange rapide sur les difficultes de l'ecole, elle nous ouvre les portes habituellement si secretes des classes de jeunes filles. Nous allons enfin pouvoir decouvrir le veritable etat d'esprit d'une jeune fille pakistanaise.

Lucidite sociale ou conformisme inquietant?

L'echange avec les etudiantes de la premiere classe, la plus agee, est tendu. Nous comprendrons par la suite que la presence de la principale a certainement freine les velleites d'echange. Un tour de classe sur les projets pour le futur revele qu'une majorite des etudiantes espere devenir un jour enseignantes ou medecins. Cette homogeneite convenue reflete-t-elle une lucidite quant aux besoins forts de la region ou s'agit-il d'un conformisme inquietant? Quelques etudiantes se distinguent neanmoins, souhaitant etudier le Coran ou rejoindre l'armee. Le sens des responsabilites sociales, familiales, religieuses semblent present chez toutes. Nous regrettons un manque d'extravagance ou de revoltes si habituelles chez les adolescentes de cet age.

L'echange avec la seconde classe, sans la principale, est plus vivant, destructure. Une etudiante nous explique avec force et conviction que nos societes sont trop focalisees sur l'argent, oubliant les valeurs essentielles de la vie. Nous tentons d'expliquer l'epanouissement possible dans le travail et nous temoignons de la richesse que nous tirons de vivre dans une societe diverse et tolerante. La tolerance et l harmonie permettent de faire rejoindre nos opinions. Nous aurions aime des echanges plus intimes et plus longs, mais la pudeur de ces jeunes filles limite les possibilites. Le temps des remerciements est deja arrive. Cette porte entrouverte pose plus de questions qu'elle n'apporte de reponses. Nous nous en doutions.

Portrait de vache


mercredi 30 juillet 2008

Le mythique K2


Photographie le 17 juillet, Summit Day !

Alive and well in Pakistan...

Il s agit du nom du livre du journaliste anglais Ethan Casey. Ce fut un de nos livres de chevet lors des longues journees au camp de base. Casey y decrit la vie dans un pays musulman a la frontiere de ce que les Etats-Unis ont appele 'the war on terror'. Il y explique son bien-etre et tente de decripter les nombreux conflits complexes qui ont emailles le pays ces 20 dernieres annees. Or derriere les conflits, il y a une population : nous tenions a temoigner de la grande hospitalite de celle-ci. Nous tenions a dire que nous etions meme 'very well' au Pakistan!

Une nuit dans la valle de Hushe


Apres trois jours d effort pour traverser le col du Gondoghoro, Emmaed, l assistant cuisinier nous a ouvert les portes de son domicile familial. Emmaed a 25 ans, 4 enfants et un sens des responsabilites vis-a-vis de sa famille, de ses clients que ni la fatigue, ni le froid, ni la faim ne semblent jamais ebranler. Il s agit du type de rencontre qui force l humilite, tant son devouement dans son travail de porteur et de cuisinier de 'haute altitude' pourrait pousser a des decouragements reguliers. Nous souhaitons beaucoup de bonheur a sa jeune mais deja grande famille et nous les remercions de nous avoir accueilli avec tant de gentillesse dans leur demeure.
Guillaume

La Polygamie au Pakistan, quelle realite ?

Durant tout notre voyage dans la "Northern Area", nous n'avons pas rencontre un seul homme pratiquant la polygamie : trop cher ! J'ai neanmoins pose la question du pourquoi. En quelques mots, l'on m'a explique que le Coran autorise quatre femmes. Pourquoi ? "A l'origine, c'est le Coran qui le dit" ... mais c'est legitime, m'assure-t-on, car il y a, en particulier dans la Northern Area, beaucoup plus de femmes que d'hommes : "les hommes meurent a la guerre". Or, "une femme ne peut pas vivre sans relations sexuelles, ni sans soutien economique" - puisque les femmes ne travaillent generalement pas.
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Quelques recherches sur Internet ne m'ont pas permis d'etayer la these de la surpopulation feminine ... Memes arguments qu'au Ghana, aussi peu verifies ...
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Rapport de masculinité (population totale, je n'ai pas trouve les chiffres par region)
À la naissance : 1,05 homme/femme ;
Moins de 15 ans :1,06 homme/femme ;
15-64 ans : 1,05 homme/femme ;
65 ans et plus : 0,92 homme/femme.
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Source : Wikipedia

Les Trango Towers

Dans le post precedent, trois vues pendant le trek, et le Nanga Parbat, apercu pendant la route en jeep, d'Islamabad a Skardu. Ici, les Trango Towers au coucher du soleil ...

Quelques Photos ...




Rencontres avec des Femmes, Hushe

Durant tout notre trek, nous traversons des moraines, des glaciers, peuples d'alpinistes et de porteurs ... mais vides de villages, de vie quotidienne, de femmes et d'enfants ...

L'arrivee a Hushe est donc particulierement agreable, Hushe, petit village niche dans un coin de la vallee, des femmes, des enfants, des poules ... Dans ce petit village, les femmes sont voilees, naturellement, mais sont dans les rues, entourees d'enfants, repondent a nos sourires. Nous prendrons le the dans la maison d'une amie de Raza, jeune femme d'a peine vingt ans, ravissante, mere de trois garcons deja.

Notre cook nous invite ensuite a venir diner chez lui, petite maison autour d'une cour, dans un petit village a quelques kilometres. Le soir, et surtout, le lendemain matin, j'ai pu passer du temps avec la soeur, la femme et la mere d'Emmaed : les trois femmes m'ont d'abord suggere de me voiler un peu plus correctement, avant de me montrer l'ensemble des problemes medicaux des enfants du foyer, puisque j'avais ete designee comme "respo medocs" de l'expedition - principalement des petites plaies et des problemes dermatologiques. Les femmes ont ensuite accepte d'etre photographiees, voilees bien sur, mais ce fut deja un petit exploit.


Encore une fois, dans tout le village, les femmes croisees etaient tout sourire, face a moi, une Occidentale gauchement voilee, mais egalement tout sourire ...

Rencontres avec des Femmes, Askole

Apres plus de trois semaines au Pakistan, j'ai pu enfin rencontrer quelques femmes ...

A Askole tout d'abord, le village duquel nous avons debute notre trek : arrives dans l'apres-midi, nous avons rencontre le chef du village, ami de notre guide. Ce chef est, en quelque sorte, un maire, charge de rendre compte au gouvernement des naissances et des morts, charge egalement de distribuer une eventuelle aide alimentaire, nous a-t-on explique. Il n'est pas retribue par le gouvernement. Profitant de son invitation a venir prendre le the dans la salle "publique", ouverte aux hommes etrangers a la famille, j'ai demande a visiter la partie reservee aux femmes.
Au Pakistan, en effet, une piece de la maison est ouverte a tous. Les femmes de la maison peuvent s'y rendre, voilees, mais elles ne peuvent toucher les hommes etrangers a la famille. En particulier, elles ne serrent pas les mains. Tout le reste de l'habitation est reserve a la famille : cet espace est interdit aux hommes ne faisant pas partie de la famille. En revanche, l'ensemble de la maison est ouverte a toutes les femmes, de la famille ou non.

Le chef d'Askole m'a donc fait penetrer dans la partie privee de sa demeure, tres pauvre, tres simple, une maison organisee autour d'une cour, en bois, tres peu de mobilier, une cuisine rudimentaire. J'ai alors pu saluer les differentes femmes, l'epouse, la mere et la belle-soeur de mon guide. Moment intense, chacune des femmes me serrant longuement les mains ... La barriere de la langue a ete particulierement frustrante, les quelques mots d'Urdu appris etant inutiles : ces femmes ne parlaient que le Balti ...

mardi 29 juillet 2008

Axelle et Guillaume, Passage du col du Gondogoro

Ca y est, nous sommes de retour a Skardu apres un depart du camp de base la meme nuit que la montee reussite vers les camps d altitude d'Axel et Thomas. C'est desormais a distance que nous allons suivre leurs exploits. Nous sommes de tout coeur derriere eux.


Nous avons eu le plaisir de franchir le col du Gondogoro pour notre retour. Cette journee excitante a commence a 1 heure du matin. Un rapide coup d'oeil sur le ciel : étoilé, c'est bon ! 1 heure plus tard nous sommes sur la moraine puis sur le glacier que nous traversons à l'aplomb du col. Au crépuscule, nous sommes au pied du premier mur de glace et nous chaussons les crampons. La pente est raide. Le parcours est splendide, contournant les crevasses et enjambant les séracs. Chaque ressaut gagné en fait découvrir un autre et nous commencons à nous demander où est ce fameux col... Axelle refuse avec obstination de se faire porter, tirer sur les derniers metres, alors qu un vieux montagnard Pakistanais avait pris cause pour elle. Finalement le col est atteint, avec le sourire. Axelle atteint 5650 metres pour sa premiere experience en montagne. La vue sur le K2, le Broad Peak et les Gasherbrums de Thomas et Axel est tres voilee, mais le bonheur est total. Nous nous decidons finalement a y aller. La descente est pour le moins inquietante car exposée aux chutes de pierres. La premiere heure est protegee par des cordes fixes qui n'inspirent en réalité pas trop confiance. Mais, ca a l air de tenir. Chacun y va de sa méthode : Axelle refuse a nouveau les epaules de son serviteur du jour, notre porteur, devenu compagnon de route, y va face a la pente avec ses chaussures en plastique, alors que notre guide Raza se retrouve le plus souvent sur le derriere. Qu'importe, tant que ça descend ! Mais c'est quand même avec soulagement que nous nous retrouvons sains et saufs sur les premières dalles horizontales. L'itinéraire traverse ensuite un éboulis très meuble avant de rejoindre une moraine qui n'en finit pas : ça monte un peu puis ça descend, ensuite ça remonte et à nouveau ça descend... Et la chaleur se fait forte, et les gourdes sont à sec... Au bout du compte, nous arrivons finalement dans un petit coin de verdure au milieu de la vallee de Hushe, petit coin de paradis ...

Thomas et Axel, Objectif atteint : LE CAMP 3

Cela faisait plusieurs jours que nous étions sans nouvelles d’Axel et Thomas, et pour cause : profitant d’une fenêtre météo favorable, ils sont partis ces 5 derniers jours à l’assaut de la montagne. Objectif : s’acclimater. Ils étaient donc hier à plus de 7 000 m d’altitude, au camp 3, après avoir dormi au camp 2. La vue est superbe sur les autres sommets du Gasherbrum. Ils étaient heureux d’avoir atteint ce premier objectif et de se sentir bien (ou pas trop mal).

Alors, pourquoi redescendre au camp de base quand on est si proche du but ? Déjà parce que le sommet culmine quand même à 1 000 m plus haut, et que ce dernier palier est le pire à mater. Chaque pas à cette altitude est une épreuve et après 4 jours de souffrance non stop, c’était trop. Ensuite parce qu’Axel avait mal dormi la nuit précédente et qu’ils ne voulaient pas prendre de risque inconsidéré. Axel a finalement atteint hier le camp 3 avec Thomas, mais prudence est mère de sûreté.

Nos deux athlètes sont à présent de retour au camp de base pour quelques jours de repos et de littérature. Ils espèrent bénéficier d’une nouvelle éclaircie de 3-4 jours en début de semaine prochaine, afin de tenter l’ascension ultime. Pour l’instant ils croisent les autres expéditions qui sont déjà acclimatées et qui profitent du beau temps et de la trace de Thomas et Axel pour tenter le sommet. Cette attente est difficile : frustration, anxiété, mal du pays et un peu de démobilisation après ces 5 jours de souffrance dans le froid… Thomas, Axel, surtout tenez bon, on pense bien à vous et ce que vous avez fait est déjà en soi exceptionnel !!!!

Margot (suite à un appel de Thomas il y a 1 heure)

Droit de femmes : en premier lieu, la sante

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" Il y a quelques annees, alors que je me rendais dans un village, j'appris qu'une femme y etait gravement malade. Je proposais a son mari de l'amener a l'hopital de Skardu, a plusieurs heures de jeep. Son mari refusa, malgre mes supplications. Je dus abandonner : si j'avais outrepasse les volontes du mari, il aurait tue sa femme, et peut-etre meme moi ... Quelques mois plus tard, je repassais dans ce meme village, la femme etait morte".

Plusieurs fois, on nous a raconte ces histoires, notre guide, par exemple, pakistanais, cultive, "eduque", comme il dit, et humanitaire ; son histoire date de 1994.

Pour la plupart de nos interlocuteurs - masculins, je n'ai pas encore rencontree une femme parlant anglais dans la region de Skardu, la situation des femmes s'ameliore dans la region ; en particulier, maintenant, si un homme tue sa femme, il peut etre ennuye par la police, ce qui n'etait pas le cas dans les annees 1990.

La situation, en particulier au niveau sanitaire, reste neanmoins critique pour les femmes de la region.


Il faut savoir que le Pakistan est un des pays les plus peuples du monde, avec plus de 160 millions d'habitants. Le taux d'accroissement naturel, actuellement 2,3%, est un des plus eleves du monde, et l'indice de fecondite est de plus de 4. En 2002, une femme mariee, si elle survivait aux multiples naissances, avait en moyenne sept enfants.

Face a cette situation explosive, on ne compte que deux gynecologues dans la region de Skardu. Ces deux gynecologues sont en plus inaccessibles a la majorite des femmes des villages de la region, puisque, pendant pus de six mois par an, ces villages sont coupes du monde, la route etant rendue impraticable par les chutes de neige...

Le probleme principal n'est pas tant le manque de medecins, que le fait que les hommes n'envoient pas leurs femmes consulter en cas de maladie. D'apres mes discussions, la raison invoquee n'est pas le fait qu'une femme soit consultee par un homme, juste le fait qu'une consultation est payante, ou, du moins, le trajet pour se rendre dans un hopital.


Plusieurs organisations humanitaires se sont attaquees a ce probleme : il y a maintenant quelques dispensaires dans la region, notamment un tenu par des Italiennes, a Askole, un autre tenu par des Espagnoles, a Ushe. Ces initiatives, essentielles pourtant, sont des gouttes d'eau ...
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dimanche 27 juillet 2008

Retour d'Axelle et Guillaume

Guillaume et Axelle devaient prendre le chemin du retour jeudi 24 juillet. Mais les porteurs sont « cool comme au Ghana : jeudi ou vendredi… alors ce sera vendredi ! ». Donc départ normalement vendredi 25 juillet. L'itinéraire du retour est différent : ils pensent passer par un col à 6000 m et ainsi faire le trajet en 4 jours. Mais si Axelle a trop de difficultés ils auront le temps de revenir sur leurs pas et de reprendre le trajet de l'aller.

A la fin du trek, deux possibilités. Soit ils prennent une voiture avec chauffeur et font 20 h de trajet, ce qui leur permettra d'observer les changements des paysages et des villages. Soit ils prennent un avion jusqu'à Islamabad, car il y a des vols quotidiens entre les deux villes. Comme ils seront fatigués ils préfèreraient cette seconde solution.

mardi 22 juillet 2008

Considérations météorologiques

C’est la fin de la saison au Gasherbrum. Beaucoup d’expéditions attendent une dernière éclaircie météo de 4-5 jours pour tenter l’ascension du sommet, ayant prévu de toute façon de repartir à Skardu d’ici une dizaine de jours.

Il fait très chaud, avec beaucoup brouillard, des conditions météo pas idéale pour une ascension. Avec la chaleur, des crevasses s’ouvrent dans le glacier. Les parties les plus techniques entre le camp de base et le camp 1 sont équipées par des cordes fixes mais les nouvelles crevasses compliquent beaucoup l’ascension, contraignant parfois les grimpeurs à des changements d’itinéraire.

Après plusieurs jours au camp de base et leur expédition réussie au camp 1, Axel et Thomas se sentent en forme. Pourtant, c’est principalement les conditions météo et l’apparition ou non d’une « fenêtre météo » qui décidera de l’issue de leur séjour.
En attendant : repos et lecture, avec notamment «Belle du seigneur » et Balzac au programme de Thomas.

Margot

L’ascension du camp 1

Hier à 4h du matin : éclaircie météo. Guillaume, Axel et Thomas en profitent pour partir pour le camp 1, situé à 6 000 m. De nuit, éclairés par leur seule lampe frontale et lestés de sacs à dos très lourds, ils ne trouvent pas la trace et se perdent sur le glacier. Ils arrivent finalement épuisés, après 8h de marche à l’aveugle, au camp intermédiaire. Ils y passent la nuit, sous la neige et dans le brouillard et repartent à l’aurore , pour atteindre et installer le camp 1.

Il faut s’imaginer comme un petit village mort au milieu du glacier, une quinzaine de tentes vides qui attendent les expéditions qui les ont installés. Dans chaque tente un réchaud, des provisions pour l’ascension et les duvets d’altitude. Un peu désert le camp 1 !

Après s’être délestés du matériel, les 3 compères sont redescendus retrouver Axelle au camp de base, à 5 000 m.

Par la suite, Axel et Tom vont se reposer quelques jours et continuer à s’acclimater, avant de repartir pour le camp 1. L’objectif sera d’y camper puis de monter au camp 2 (alt : 6 500 m), de l’installer et d’y dormir 1 nuit et enfin de monter au camp 3 (alt : 7 300m), dernière étape avant le sommet. A partir du camp 1, l’itinéraire est mieux connu et les traces des expéditions précédentes plus visibles.

Axelle et Guillaume se reposent au camp de base aujourd’hui et demain avant de repartir après-demain pour Skardu, par un itinéraire plus court qu’à aller (3 jours). Ils seront accompagnés du guide, du chef des porteurs et du cuisinier pakistanais. Ne resteront au camp base que Thomas et Axel ainsi que l’aide cuisto.

Ce soir, en prévision du départ, dîner de fête : fondu avec les restes du fromage et du jambon apportés de France, le tout alcoolisé de Pastis offert par des Français sur le départ. Du très léger…

Margot (avec Thomas par téléphone 30 minutes plus tôt)

lundi 21 juillet 2008

Petit retour sur le trek d'approche qui a occupé nos 4 aventuriers toute la semaine dernière

Journées « reposantes » selon Thomas : lever 5h ou 6h du mat', « petite » marche de 5h à 7h selon la difficulté de l'étape puis sieste pendant 2h, repos et lecture le reste de l'après-midi et coucher à 9h du soir. Un menu simple et nourrissant : du riz à tous les repas ! En effet, le fromage envoyé de France avec le reste du fret a entièrement fondu et ils attendent l'arrivée au camp de base pour tuer le bouc qui fait le chemin avec eux.

Ils sont partis avec 62 porteurs et leur officier de liaison, le fameux retraité de la marine pakistanaise. Règlementairement, chaque porteur transporte une charge de 25 kg max. L'équipe se réduit à mesure que le trek avance, puisque chaque jour sont consommés de la nourriture et de l'essence (pour faire chauffer la tambouille ?). Quant à l'officier de liaison, il a renoncé dès le deuxième jour du trek : mal de tête persistant. C'est sûr qu'ils sont loin du niveau de la mer…

Le trek les a fait cheminer pendant une centaine de km au cœur de l'imposant glacier Baltoro, le 3ième plus grand glacier du monde. L'itinéraire sur le glacier varie tous les ans, en fonction de l'avancée des glaces. Face à eux, la chaine des Gasherbrum, dont trois sommets culminent à plus de 8 000 m (les GI, GII et GV). Sur les photos, ça fait rêver, alors en vrai… Le temps est au beau fixe, il fait très chaud et la suite de l'expédition s'annonce bien.


Arrivés au camp de base en fin de semaine dernière, Thomas, Axel et Guillaume vont y séjourner quelques jours le temps de s'acclimater à l'altitude. Puis, si tout va bien, départ pour le camp 1 (alt : 5 900 m), avec escalade de cascades de glace, sans porteur. Axelle attendra Guillaume au camp de base avant de redescendre avec lui vers Skardu.

Margot (avec Tom au bout du fil la semaine dernière)

dimanche 20 juillet 2008

Babies

(Axelle au téléphone vendredi midi)
Babies : donné par le chef des porteurs à Axelle et Guillaume. En effet,
ces deux-là n'ont jamais "fait de 8000" ! Guillaume a déjà monté un
4000, Axelle peut-être 2500 en Mongolie... Le trek de ces 7 derniers
jours les a menés de 3500 à 5000 m d'altitude !
Aurélie

Porteurs

(Axelle au téléphone vendredi midi)
Les quatre amis sont conscients d'aider ces gens par le travail qu'ils leur
fournissent, mais se sentent impuissants lorsqu'ils les voient faire
demi-tour sans équipement après leur arrivée au camp de base.
Ils leur ont laissé quelques produits de première nécessité, mais ne
voient pas quelle attitude serait la plus juste à adopter dans cette
situation.
Aurélie

Deux

(Axelle au téléphone vendredi midi)
C'est le nombre de gynécologues installés dans tout le Nord du
Pakistan. L'accès des femmes à leurs soins resterait très
compliqué, notamment lorsqu'elles habitent des villages non
desservis par la route.
Axelle a demandé, dans le dernier village qu'ils ont traversé, à
pouvoir entrer dans une habitation afin de parler avec des femmes
de la région.
Aurélie

Arrivée au camp de base

(Axelle au téléphone vendredi 18 à midi)
Arrivée ce midi donc au camp de base à 5050 m d'altitude, après un
trek de 7 jours (dont 1 de repos) sous un très beau temps. Il fait
maintenant très froid ; sous la tente le seul bruit qu'ils entendent
est celui de la neige qui tombe en continu : la palette des couleurs
est passée du blanc-marron-grand ciel bleu, au blanc-dégradés de
marron... et encore blanc. En effet, ils évoluent sur un glacier
recouvert par endroits d'une couche de pierres qui peut atteindre 1m
d'épaisseur.
Les 40 porteurs ont à présent fait demi-tour ; ne restent avec eux que
le guide, le chef des porteurs et le couple de cuisiniers.
Aurélie

mardi 15 juillet 2008

La neige en vue

Axelle au téléphone hier :
Tout va bien pour les quatre.
Après deux jours de marche dans un paysage de pierre et de sable, sous
trente-cinq degrés, ils sont arrivés dans la vallée à 3000 mètres
d'altitude.
Ils aperçoivent enfin la neige.
Aujourd'hui, journée occupée à régler des questions administratives,
et donc, à profiter d'un peu de repos.
elsa

jeudi 10 juillet 2008

Des femmes voilees, premieres impressions

Apres seulement quelques jours passes au Pakistan, et surtout, a la veille de notre depart en expe, enfin, je voulais vous transmettre mes premieres impressions, concernant, le voile, plus generalement, la notion meme de femme au Pakistan, reste, bien sur, un sujet difficile a saisir dans son ensemble, oscillant, entre le respect et l'oppression.

Un leger apercu des regions traversees : a Islamabad, ville fantome, recente, quelques femmes sont entierement voilees - ou laissant seulement apparaitre leurs yeux. La majorite, cependant, porte un voile decouvrant la totalite du visage, une proportion non negligeable ne se voile pas. C'est deja moins le cas a Rawalpindi ?
Durant notre long voyage vers le Nord du Pakistan, nous sommes passes par des villages, exclusivement peuples d'hommes : les femmes etaient absolument absentes de la vie publique, apercues furtivement, rarement, entre deux maisons, totalement voilees dans de larges tissus sombres.

Dans la region de Skardu, ou nous faisons etape ce soir, et plus generalement dans les regions montagneuses du Nord-Ouest, pauvres, peu accessibles, les femmes travaillent generalement dans les champs - mais sont toujours absentes des centres des villages. De nouveau, elles sont voilees, laissent leurs visages apparents, et sont parees de couleurs vives. Une partie de la population, dans ces regions, est de confession ismaelienne.



Je me voile, les cheveux seulement. Par ailleurs, je porte des vetements pakistanais masculins, pantalon large et longue chemise, bleu marine en l'occurence. Plusieurs choses me marquent ; la perception des hommes sur les femmes au Pakistan - je n'ai pas encore eu l'occasion de parler aux femmes, j'espere rencontrer les familles, de notre guide, de nos porteurs, au retour de l'expedition.

Nous avons, pour l'instant, deux interlocuteurs privilegies, le guide et le liaison officer. Ce dernier m'explique que tout le monde remarque que mes vetements sont des modeles masculins, car ... au Pakistan, les femmes portent toutes des vetements seyants et colores. Colore, c'est vrai a Skardu, mais pas partout - et notre liaison officer ne vient pas de cette region ... Et seyant ... Le guide, egalement, s'est gentiment moque de mon souci de me voiler : "You look like a Taliban !", m'a-t-il dit. Je suis mille fois moins couverte qu'une femme en burkha ...


Enfin, etre une femme au Pakistan, c'est ... bizarre - je suis la seule femme dans la rue ou dans les magasins dans beaucoup de villages - mais cela donne aussi l'opportunite de rentrer a l'interieur des foyers, domaine strictement interdit aux hommes. J'espere avoir cette chance, je vous raconterai ca des que possible.

Skardu la magnifique !

Nous voila a Skardu, dans le nord du Pakistan. Deux jours de voyage quasiment non stop nous ont un peu engourdi les pattes, mais il faut reconnaitre que l'ambiance est extra ordinaire... Tres verts d'abord, puis plus secs ensuite, carrement desertiques sur la fin, les paysages ne nous ont pas lasses. La montee en altitude nous a reserve de belles surprises, puique nous avons meme pu observer le Nanga Parbat (un des 5 sommets de plus de 8,000 metres au Pakistan) au lever du soleil -apres un lever 3 heures du matin- la photo est juste en haut.
Comme  d'habitude, beaucoup d'imprevus et de discussion sans fin avec nos amis Pakistanais, sur des sujets allant du respect du "programme" ("Do you really want to arrive tomorrow ? It is complicated.... day after tomorrow is better !) au contenu des caisses de nourritures en passant par le nombre de porteurs et le backshish du chauffeurs...
Nous devrions finalement qavoir 40 porteurs pendant 8 jours pour toute la marche d'approche. Puis, au Camp de Bas, nous serons avec notre guide, le liaison officier, notre cook et son 'runner', qui est en charge de gerer l'approvisionnement depuis l'entrepot improvise a Concordia, a 8 heures de marche du camp de base. Et nous devrions rejoindre pres de 150 personnes (alpinistes et equipes locales) deja installees, comme nous l'a confirme un Allemand sur le retour croise ce matin au lodge. Une fois de plus, on a un peu l'impression d'arriver apres la bataille (la saison se deroule en general de Juin a Juillet, et non de Juillet a Aout), mais en raison de nos obligations professionnelles, nous n'avons pas vraiment eu le choix... Inch allah, nous n'allons pas nous inquiter pour autant, et puisqu'il n'y a plus de saisons en raison du rechauffement, ce sera peut etre a notre avantage !
Note: Ceci est le dernier message en direct de l'equipe, puisqu'a l'avenir, c'est ma soeur Margot - autrement plus litteraire que moi par ailleurs- qui va prendre le relais, sur la base des coups de fils que nous lui passerons par satellite. J'ai hate d'etre fin Aout pour pouvoir lire... notre blog !

« Pour un bébé, s’asseoir sur un canapé équivaut à gravir l’Everest »

C’est avec cette accroche que Pampers espère vendre ses couches à la jeune Maman que je suis. Spéciale dédicace à mon frère Tom qui appréciera que sa nièce partage quotidiennement ses exploits. Ceci étant dit, il me semble que nous devrions exiger que des communiquants aussi talentueux nous apportent quelques précisions : parlent-ils de l’ascension de l’Everest avec ou sans oxygène, en solo ou accompagnés de guides et sherpa, de jour ou de nuit… ? Cela manque un peu de précisions et de tout façon, j’ai entendu dire que l’Everest, c’est surfait.

Nos quatre amis Thomas, Axel, Guillaume et Axelle sont bien arrivés à Islamabad et brûlent déjà de quitter cette ville sympathique. Leur objectif : l’ascension de non pas un mais deux 8 000, les Gasherbrum I (altitude : 8 068 m) et II (altitude : 8 035 m)… dans le désordre. Outre leur appartenance au club très sélect des « + de 8K », ces deux sommets ont en effet en commun leur camp de base, à 5 900 m d’altitude. Donc quand est redescendu du G II, on est naturellement tenté d’aller saluer le G I dans la foulée. Et oui , « soyons réalistes, exigeons l’impossible » n’est pas réservé exclusivement à Ernesto G, ce pourrait également être la devise de nos intrépides amis. Au-delà de l’ascension des 2 sommets, gageons qu’ils réussiront avant tout à se faire plaisir.

Quant à Pampers, je leur suggère un slogan plus vendeur : « Pour nos bébés, soyons réalistes, exigeons l’impossible »…

mardi 8 juillet 2008

He must have been to McDonald !

e.fr

Nous vous disions que nous avons fait connaissance avec notre LO, 'Liaison officier' dans le texte. Representant du gouvernement, son role est de veiller a la bonne tenue de l'expedition (e.g. verifier aue nous n'avons pas de camera avec nous, pas de telephone satellite, que nous grimpons bien la montagne pour laquelle nous avons achete le permis etc...). Le plus souvent, c'est un capitaine de l'armee -il y a des criteres stricts en terme d'anciennete pour ce poste !- qui se propose spontanement de nous accompagner moyennant... remuneration. Cacher qui est finalement assez important (au total, pas loin de 2000 euros), et exhorbitant au regard des services apportes ! Quand on voit qu'un porteur est paye 5 euros par jour...
L'interet principal cependant, c'est que nous avons ainsi avec nous pendant toute l'expe un Pakistanais qui parle bien Anglais, avec qui discuter et apprendre sur ce pays etonnant. Et ca, c'est top.
Notre OL s'appelle M. Hyatt (comme la chaine d'hotel eponyme - mais je ne crois pas qu'il soit aussi rigolo aue l'autre eponyme de l'hotellerie, la fameuse Paris Hilton, dommage...), 36 ans, deux enfant et... 19 ans dans la Pakistanese Navy ! Un montagnard pure souche, qui plus est, avec le pied marin... Ca va etre rock'n roll, les 100 km de trek sur le glacier !
Enfin, aux premiers abords sympathique, il est tres notablement anti-Americain. Pour lui, "American people are directly reponsible for bombings in Islambad". Ou alors dans le registre moins sanglant 'My son is sick, he ate bad food.. it's because he wen't to McDonald for sure !". Certainement, surtout quand on compare avec les conditions d'hygiene des restaurants locaux typiques... Ca annonce des discussions politiques interressantes, cool !

Le programme des jours a venir

Ca y est, nous avons eu le brief du ministere du tourisme, recupere le fret, refait les bidons, palabre pendant des heures avec notre liaison officier... puis paye les taxes associees a ses services, depose la caution de 6,000 dollars aupres de l'armee, paye l'agence, paye une avance au liaison officer, paye le permis d'ascension, paye le pernis de trekk, paye les pollution fees... Ca y est, nous n'avons plus un rond, et sommes a priori debarrasses des soucis du materialisme moderne ! Jusqu'au prochain back-shish a regler of course. Parfois, on se sent comme un porte monnaie (troue) ambulant, drole de sentiment...
Nous sommes arrives hier a Islamabad, et partons demain matin aux aurores pour Chilas, a une douzaine d'heure de route, plein nord. Nous devrions arriver a Skardu jeudi soir, prendre une jeep pour Askole vendredi et commencer a marcher... samedi matin, ouf !
Notez que nous avons reporte le depart pour eviter Bisham, ville consideree comme potentiellement "hostile", que nous avions aussi contournee l'annee derniere a la meme epoque, pendant les evenements de la Mosque Rouge... Comme dit Sadurdin, notre contact locql, "There is no risk but... we don"t want to take risks !". Funny, isn't it ?
Cela dit, Islamabad est tres calme, et il n'y a aucun risque pour des touristes comme nous.
 
 
 

Islamabad la brulante...

Nous voila arrives a Islamabad ! Ca ne ressemble pas du tout a Pukhet (Thailande) pour ceux qui en douteraient, plutot a une ville tracee sur plan, a grand coup de regles et autres compas... 
Le climat n'est pas tres agreable en cette saison, puisqu'il regne une chaleur humide, aux airs de pre-mousson... En revanche, les Pakistanais sont toujours aussi gentils, curieux de l'interet que peuvent avoir 4 jeunes Europeens pour leur pays, et deja, les discussions vont bon train.
Pour vous donner le sourire, je joins une photo de notre ami Jawed, qui rentre tout juste du camp de base du k2, avec la barbe qui permet de passer sans anicroches les villages les plus... conservateurs ?
Il est temps pour nous d'aller vers le nord !

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Thomas Grenier

www.hec2d.fr

vendredi 4 juillet 2008

Trousse à pharmacie


Nous voila prêts de ce côté, là, grâce à l'aide précieuse de mon amie Clémence. Clem' est médecin urgentiste à Chamonix, spécialiste de l'altitude et des traumatismes s'y rapportant, et c'est un soulagement de savoir que nous l'aurons au bout du fil quand nécessaire tout au long de l'expédition.
Nous étions ensemble au Gasherbrum 5 l'année dernière, et je me rappelle avec émotion la formation de premier secours (en cas d'arrêt cardiaque, faites ci et ça,...) qu'elle nous avait délivrée juste avant que nous partions dans les camps - ambiance...
Allez, quelques lignes de la notice de notre trousse à pharmacie: Tiorfan, Imodium, Flagyl, Primperan... les plus forts auront reconnu le lien qui existe entre tous ces médocs !

mercredi 2 juillet 2008

Un peu de Parapente avant de partir

Ce dernier week-end avant le départ évidemment été consacré à l'entraînement et... au repos ! Parapente, cyclisme et course à pied au menu, avec surtout beaucoup de sommeil car je dois admettre que ces dernières semaines ont été dures... Boulot, boulot, boulot, c'est pas nécessairement le triptyque qui gagne pour avoir la caisse. Mais je en me plains pas, c'est aussi ce qui nous permet de partir !

On tentera donc de "récupérer" pendant les 100 km de marche d'approche sur le glacier du Baltoro - j'en rêve, de ce grand amphithéâtre que nous devrions aborder d'ici une dizaine de jours....

Préparation du frêt !

Il y a maintenant une quinzaine de jours, nous avons empaquetté notre matériel d'alpinisme, soit près de 150 kg de piolets crampons, cordes, duvets et autres tentes.... et aussi deux bidons, remplis de 8 kg de fromage et d'un jambon de 6 kg, assortis des plus belles boîtes de sardines que nous avons trouvé en grande distrib' !

De quoi festoyer au camp de base et compléter autant que possible les traditionnels dal bat pakistanais (riz et lentilles). Cela dit nous ne nous y trompons pas, nous aurons du riz blanc tous les jours !

Enfin, les fins observateurs aurons vu dans le bidon blanc de gauche la bouteille de pastis que nous avons dissimulées... et que les douaniers Pakistanais se sont fait un plaisir de confisquer à l'arrivée du fret , semant la panique chez notre agent ! Au moins, on aura essayé...

mardi 1 juillet 2008

Un blog par téléphone

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Nous ne partons finalement pas équipés du matériel nécessaire pour avoir une connexion Internet par satellite jusqu’au Camp de Base, comme nous le souhaitions initialement, les contraintes, en termes de coûts et d’organisation, étant trop élevées.

Nous n’aurons donc pas accès à Internet pendant notre trek. En revanche, nous appellerons régulièrement, par téléphone satellite, plusieurs personnes, frères, sœurs, amis, qui seront en charge de mettre à jour notre blog. Lorsque Guillaume et Axelle rentreront, début août, ils pourront être à leur tour les scribes d’Axel et Thomas, encore là-bas. Nous mettrons nos photos sur le blog aussi vite que possible.

Un immense merci à nos sponsors

Nous avons le plaisir de vous faire part du soutien de l'agence bancaire BRED Grand'zé.

Nous aurons l'occasion de vous expliquer la nature de notre partenariat ultérieurement.

A bientôt.