mardi 12 août 2008

Conflit météo...




Avant toute chose, nous souhaitons rendre hommage aux 11 victimes de la catastrophe du K2, ainsi qu'à leurs familles. Sur le trek de retour, nous avons rencontré plusieurs expéditions touchées par la catastrophe (notamment des Norvégiens et des Serbes) – perdre un ami en montagne est une expérience horrible…

Les discussions que nous avons pu avoir avec les rescapés furent riches d'enseignements, nous y reviendrons dans ce blog.

Avant cela, quelques explications sur la fin non fructueuse de notre expédition.

Cette année encore, la météo a été inégale. Quelques créneaux isolés en Juin puis autour du 6 Juillet et du 18 Juillet ont permis aux alpinistes présents de tenter le sommet, sans succès pour la majorité d'entre eux. Le 28 Juillet, la super fenêtre météo s'est ouverte – trois jours trop tôt pour nous malheureusement (nous sommes arrivés au camp de base le 19 Juillet).

Ainsi, nous avons pu monter au Camp 3, à 7 000 mètres d'altitude pour finaliser notre acclimatation. Les autres alpinistes (tous présents depuis plus d'un mois au camp de base, donc déjà parfaitement acclimatés) ont pour leur part tenté le sommet entre le 30 Juillet et le 1er Août. Parmi eux, 8 ont réussi.

De retour au camp de base, à 5000 mètres d'altitude, (il faut au moins 48 heures à une altitude décente pour « fabriquer » des globules rouges et donc s'acclimater), nous nous sommes reposés les deux jours suivants, avant de tenter une montée vers le camp 1 le 1er Août. Au milieu du glacier, Axel s'est malheureusement trouvé mal (intoxication alimentaire, plutôt courant dans la région…) et nous avons renoncé. Le lendemain, je suis monté au camp 2, en espérant tenter un truc mais sans visibilité sur la météo, l'effort était vain. Le temps a changé et le vent a forci en altitude.

Nous nous sommes donc retrouvés au camp de base début Août, parfaitement acclimatés, en pleine forme, motivés avec des camps en place mais… esseulés, car les autres expés étaient toutes descendues et en train d'organiser leur retour vers la civilisation.

Ne souhaitant pas nous retrouver seuls sur la montagne sans prévisions météo (et donc sans visibilité sur l'arrivée d'une éventuelle nouvelle fenêtre), devant refaire la trace à deux, nous avons pris la décision frustrante –mais sage ?- de laisser notre orgueil de côté...

Je vous laisse imaginer les sentiments que j'ai ressentis face à cette décision, après tous les efforts que nous avons fait pour arriver là, et si près du but… Vraiment si près du but… Mais je pense aussi qu'il faut savoir renoncer - «un bon alpiniste est un vieil alpiniste» dit la doxa-, j'ai aussi entendu que la montagne ne devrait pas s'en aller dans les années qui viennent.

Il me reste encore quelques efforts à faire pour digérer pleinement cet échec, mais je suis sur la voie… Certes, ça ne peut pas marcher à chaque fois !

Et indépendamment du sommet, nous avons vécu une aventure humaine très forte, très enrichissante d'un point de vue personnel. Nous avons clairement progressé (je ne parle pas de
montagne !) - n'est-ce pas le plus important ?

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Thomas Grenier

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Bravo Tom... Oui, bravo.
C'est un sacré défi que tu as relevé, et un sacré projet que tu as su gérer de bout en bout. Y compris dans le renoncement. C'est grand...
En Asie, celui qui perd, est aussi respecté et admiré que celui qui gagne. Le principal est le chemin ;-) J'ai beaucoup appris à travers votre aventure.
Merci a toi et toute l'équipe pour nous avoir fait rêver.
Bon retour parmi nous... Et bon repos bien mérité ;-)
Cathy